Pour répondre à ces questions, nous avons interrogé une tutrice professionnelle dans une association tutélaire parisienne:
Qu’est-ce qui vous a motivé à choisir ce métier?
Tout d’abord, ce qui m’a plu dans cette profession c’est la diversité des dossiers à gérer et la grande autonomie de travail. Bien sur, il s’agit de remplir beaucoup de documents administratifs et d’effectuer de nombreuses recherches juridiques mais le côté relationnel est également enrichissant. Les rencontres avec les professionnels du secteur et les personnes âgées m’apportent énormément.
Quelle est la formation à suivre pour devenir tuteur ?
J’’ai un master 1 de droit notarial mais j’ai également suivi une formation intensive de mandataire judiciaire à la protection des majeurs. Ce diplôme est aujourd’hui exigé par la loi sur la réforme des tutelles. Cette formation payante comprend de la psychiatrie et de la gériatrie. Elle offre un programme très complet permettant d’appréhender les personnes âgées sous tutelle pour altérations physiques ou mentales.
Quel est l’emploi du temps d’un tuteur ?
Mon emploi du temps est souvent très chargé avec de très nombreux dossiers à traiter par jour ! Il y a la plupart du temps plusieurs déclarations d’impôt à rédiger, énormément de courrier à traiter, ainsi que des factures à régler. En plus de cela, il arrive souvent des situations imprévues qui m’obligent à intervenir de façon personnelle. Par exemple dernièrement, une vieille dame de 95 ans, atteinte de la maladie d’Alzheimer, a refusé de partir en maison de retraite lorsque les ambulanciers sont venus la chercher à son domicile. J’ai donc dû intervenir et l’accompagner moi-même. Mon travail consiste à gérer les dossiers de 60 personnes et c’est très prenant!
Un tuteur est-il amené à tisser des liens privilégiés avec les personnes dont il a la charge ?
La difficulté de ce métier, c’est qu’on est souvent mal perçu Au premier abord, on peut être assez mal perçu par les familles. Nous sommes amenés à intervenir lorsque la personne âgée ne peut disposer du soutien d’un tuteur familial ou lorsque la famille ne souhaite pas assumer cette charge. Nos relations avec les proches de la personne âgée sont donc souvent un peu tendues. Mais généralement, dès que la famille a pu constater l’importance de notre rôle, la situation s’améliore. Bien sûr il arrive souvent que nous nous attachions à certaines personnes dont nous avons la charge. On nous dit souvent d’ailleurs que nous sommes leur«bouée de sauvetage»à laquelle ils peuvent se raccrocher lorsqu’ils sont démunis. Pour ne pas être mal perçus, nous devons faire attention à tisser avec les personnes âgées des relations basés sur la confiance et le respect.
Quels sont les principaux problèmes que vous rencontrez?
Il arrive parfois que nous soyons confrontés à une personne âgée avec laquelle nous n’arrivons pas à nous entendre. Lorsque cela arrive, nous pouvons faire appel à une psychologue qui est habilitée à nous prodiguer de précieux conseils. Généralement, les soucis sont réglés sinon, nous pouvons toujours échanger notre dossier avec un autre tuteur.
Comment êtes vous rémunérés?
Nous sommes rémunérés comme les assistances sociales, ce qui veut dire sur la base de la convention collective 66 ou 51, car notre métier n’est pas référencé en tant que tel. Par contre, dans le cas des tuteurs privés, ils sont rémunérés en fonction des revenus des personnes dont ils ont la charge. En plus de cela, les personnes protégées payent des frais de tutelle à l’association tutélaire. Ces frais varient entre 0 et 200 euros mensuels.
Qu’aimeriez vous améliorer dans votre profession?
Personnellement, j’aimerais que le métier de tuteur soit mieux connu des pouvoirs publics et de la presse ! En effet, notre métier s’est beaucoup professionnalisé depuis la loi sur la réforme des tutelles de 2009. Nous devons faire preuve de beaucoup de solidité morale et de polyvalence pour l’exercer.